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28 avril 2009

Terres agricoles, le nouvel actif stratégique

Terres agricoles, le nouvel actif stratégique A deux mois des élections européennes, la Confédération paysanne et l’ONG Peuples solidaires demandent d’inscrire à l’agenda de l’Union la question de l’accès aux terres agricoles. Au Nord comme au Sud, la répartition des terres concentre des enjeux environnementaux, de sécurité et de souveraineté alimentaire. L’affaire avait fait grand bruit. En mai 2008, le conglomérat sud-coréen Daewoo signe un bail de 99 ans avec l’Etat malgache pour l’exploitation de 1,5 millions d’hectares de terres, destinés à fournir près de la moitié des importations de maïs de la péninsule asiatique. Ce scandale, dans un pays où la malnutrition touche plus de la moitié des enfants de moins de trois ans, est le cas emblématique d’un mouvement récent d’accaparement des terres par des intérêts étrangers dénoncé par l’ONG internationale GRAIN (voir encadré). Le rôle de l’Europe Dans la lignée de ce rapport, la Confédération paysanne et l’ONG Peuples solidaires ont organisé un forum international les 19 et 20 avril dernier à Montreuil, qui a lancé une campagne d’interpellation des candidats aux élections européennes sur l’accès à la terre. « Les politiques de l’Union européenne ont de grandes responsabilités sur l’utilisation du foncier agricole, que ce soit en Europe ou dans les pays du Sud », affirme Benoît Peyrot des Gachons de Peuples Solidaires. L’ONG vise ainsi la politique agricole commune (PAC) dont la révision est prévue pour 2013, les accords de partenariat économie (APE) destinés à libéraliser les échanges avec les pays africains ou encore la politique d’investissement de la banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). « Les députés européens ont un pouvoir d’initiative. En 2007 2008, ils ont réalisé un travail sur la régulation des pratiques de la grande distribution qui a conduit à l’adoption de cette question par la Commission. Il faut que les parlementaires se saisissent de la question de l’accès à la terre », estime Benoît Peyrot des Gachons. La terre rapporte à nouveau La crise alimentaire et les émeutes de la faim, alimentées par la spéculation sur les matières premières et l’augmentation des cultures pour les agrocarburants, ont fait de la sécurité alimentaire (garantir à sa population une alimentation suffisante) un enjeu stratégique pour les Etats. Des pays dépendants des importations comme le Japon, la Corée ou encore l’Arabie Saoudite se sont mis en quête de terres, principalement en Afrique, pour assurer leurs approvisionnements. Le secteur, devenu très lucratif, attire fonds d’investissements et hommes d’affaires qui délaissent le marché financier en crise. Enfin, les banques de développement (Banque mondiale, BERD...) appuient ces investissements étrangers et les réformes agraires destinées à les faciliter, dans l’idée qu’ils sont un facteur de développement de l’emploi dans des pays où la terre est sous utilisée. « Main basse sur les terres » Dans un rapport publié en novembre 2008, l’ONG GRAIN liste l’ensemble des projets, futurs ou en cours, d’appropriation de terres agricoles par des Etats ou des intérêts privés dans des pays étrangers. La Chine au Kazaksthan, les Emirats au Soudan... La banque Goldman Sachs aurait investi 300 millions € pour acheter des exploitations avicoles en Chine.« La synergie actuelle entre la crise alimentaire et la crise financière a déclenché un nouvel « accaparement des terres » au niveau mondial (...) Cette main basse sur les terres pourrait sonner le glas des petites exploitations agricoles et des moyens de subsistance ruraux dans bien des régions du monde », prévient l’ONG. Sécurité ou souveraineté alimentaire? A la sécurité alimentaire, les défenseurs de l’agriculture paysanne et de la solidarité internationale opposent la souveraineté alimentaire qui vise « le droit des populations, de leurs Etats ou Unions à définir leur politique agricole et alimentaire, sans dumping vis à vis des pays tiers ». L’accaparement des terres par des intérêts étrangers pose la question de la place des paysans dans ces pays où ils forment la majorité de la population active : « Au Mali, la Banque mondiale soutient la politique visant à généraliser les titres de propriété foncière. Mais cette sécurisation du foncier profite le plus souvent aux grands propriétaires ou aux investisseurs étrangers qui rachètent les terres et en expulsent les paysans qui ne sont pas capables de payer les redevances », décrit Benoît Peyrot des Gachons. Renouveler la profession en Europe La Confédération paysanne et Peuples Solidaires en appellent à une reformulation globale des politiques européennes pour réguler la spéculation foncière et renouveler la perception du monde agricole. « Dès l’automne prochain, les grandes lignes de la réforme de la PAC en 2013 devraient être connues, prévient Geneviève Savigny, de la Confédération paysanne. Il faut promouvoir une dotation plus forte pour l’installation de jeunes agriculteurs sans que la terre soit conçue comme un patrimoine privatisé ». L’agriculture française comptabilise 12000 cessations d’activité contre 6000 installations par an. Le coût du foncier et la concurrence entre grandes exploitations et partisans d’une agriculture paysanne expliquent le phénomène. « Si on veut que la profession agricole ait un avenir et puisse nourrir la population, il faut qu’elle s’empare de la question du foncier », conclut Geneviève Savigny. Philippe Chibani-Jacquot Mis en ligne le : 27/04/2009 © 2009 Novethic - Tous droits réservés
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